André Brahic
France
1942-2016
Obituary:
http://www.bbc.com/news/world-europe-36299170
www.france24.com/en/20160516-andre-brahic-scientist-who-discovered-neptune-rings-dies-73
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Chers Collègues,
C'est avec une peine immense que nous apprenons la perte de notre collègue et ami André Brahic, Professeur à l'Université Paris Diderot depuis 1978, et ancien élève d'Evry Schatzman et de Michel Hénon.Il est un des pères de la planétologie française moderne et nombre de nos collègues en France se comptent parmi ses anciens étudiants.
André, connu internationalement pour ses travaux sur les anneaux planétaires et sur la formation des planètes a tout d'abord travaillé sur la théorie du chaos (l'accélération de Fermi), la dynamique des galaxies mais également sur les supernovas. En 1974 il publie les premiers modèles numériques d'aplatissement des disques astrophysique en faisant tourner les premiers codes collisionels sur les ordinateurs de l'observatoire de Meudon, en programmant sur des cartes perforées. Plus tard, ses travaux furent remarqués par Brad Smith, P.I. des caméras de la prestigieuse mission Voyager de la NASA. Il vint le chercher en France et lui fit l'honneur de l’intégrer à l’équipe (le seul membre non américain). S'ensuivirent les prestigieuses rencontres qui marquèrent l'histoire des sciences et de l'aéronautique: la rencontre avec Saturne, puis Uranus et Neptune dans les années 1980. En 1984 André découvre depuis le sol les anneaux de Neptune et démontre la présence d'arcs, des structures dynamiques nouvelles comme des anneaux incomplets. Quelques années plus tard les images de Voyager confirment cette étonnante découverte.
André s'est ensuite impliqué dans la mission Cassini qu'il a porté en Europe. Cassini est toujours en fonctionnement et orbite autour de Saturne et a révolutionné notre connaissance des anneaux, des satellites et des marées dans notre Système Solaire.
Ses travaux ont été récompensés par de nombreux prix, aussi bien en France qu'à l'international (Académie des Sciences, Société Française de Physique, American Astronomical Society, prix Jean Perrin, etc...) .
Vulgarisateur de talent, homme d'une joie et d'un enthousiasme extraordinaire, c'était aussi un homme de conviction. Nous nous souviendrons tous de ses prises de position pour l'éducation et l'enseignement des Sciences auprès des ministères et dans les médias, ainsi que de ses interventions dans les instances de notre Université. Homme de culture, enfant de l'école de la République, André était avant tout un humaniste. Fervent défenseur et admirateur de la philosophie des lumières, il a toujours érigé la raison, l'éducation et les sciences comme un rempart contre l’obscurantisme et la violence. D'un dévouement sans faille pour ses étudiants, il a ouvert les voies de l'astrophysique à de nombreux étudiants et lycéens, et aussi à nombre de nos concitoyens à travers ses livres et émissions.
Il nous a quittés ce dimanche matin, entouré de ses proches, après un long combat contre le cancer.
Il laisse un vide immense. Qu'il repose en paix. Une de ses dernières phrases était que peut-être, enfin, il pourrait aller voir les anneaux de Neptune.
Mais il continuera à vivre dans le cœur des nombreux scientifiques et étudiants qu'il a inspirés et formés ... et c’est peut-être là le plus grand héritage qu’il laisse à notre communauté.
Sébastien CHARNOZ
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Chers collègues,
C’est avec une immense tristesse que je vous informe du décès d’André Brahic survenu le dimanche 15 mai 2016, dans sa 74ème année.
Professeur à l’Université Paris-Diderot, affecté à l’Observatoire de Paris jusqu’en 1995, puis au laboratoire AIM au CEA à Saclay, André Brahic a consacré l’essentiel de sa carrière à l’étude des corps du système solaire. Il a été notamment à l’origine de la découverte des anneaux de Neptune dans les années 80, par des techniques d’occultation. Il a entre autres démontré, avec une équipe internationale, que le dernier anneau, appelé Adams, est en fait composé de quatre arcs, qu’André avait baptisés "Courage", "Liberté", "Egalité", "Fraternité" (CLEF).
Il a été membre des équipes scientifiques des sondes Voyager 1 et 2, grâce auxquelles il a effectué de nombreuses découvertes et a notamment confirmé in situ l’existence des anneaux de Neptune et des
arcs de l’anneau Adams. Il était également membre de l’équipe scientifique de la sonde Cassini, encore en service autour de Saturne, et dont il aurait aimé suivre l’aventure jusqu’au bout.
André Brahic était bien sûr aussi un extraordinaire enseignant, qui a su transmettre sa passion de la science et de l’astrophysique à des générations d’étudiants. C’est sans doute en partie à lui que beaucoup d’astronomes d’aujourd’hui doivent leur choix de carrière.
Il était aussi et surtout un formidable orateur auprès du grand public, remplissant ses conférences de vie, de passion, d’humour, d’humanité, et pouvant tenir son audience en haleine pendant des heures. Il savait communiquer son enthousiasme pour la science à chacun, quel que soit son niveau d’éducation.
André avait également participé activement à la structuration de la recherche, en jouant notamment un rôle majeur dans la création du Programme National de Planétologie. Il pensait que la recherche en
France avait besoin de réformer son organisation pour gagner en efficacité. Son dernier livre, "La Science, une ambition pour la France", publié en 2012, est un véritable manifeste pour faire de la recherche, de l’éducation et de la culture une base de notre société.
André Brahic a reçu le prix Carl Sagan 2001 aux États-Unis ainsi que le prix Jean Perrin 2006 de popularisation scientifique. En juillet 2015, il avait reçu les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Avec André Brahic, l’astrophysique perd un grand chercheur, un formidable enseignant, un merveilleux vulgarisateur, et avant tout un véritable humaniste.
Claude Catala
Président de l'Observatoire de Paris